Bernadette Delange, gardienne d’un métier

Bernadette Delange durant sa sélection de Comté aux caves du fort Saint-Antoine. (Photo © CIGC/T. Petit)
Bernadette Delange durant sa sélection de Comté aux caves du fort Saint-Antoine. (Photo © CIGC/T. Petit)

Bernadette Delange, propriétaire de la Fromagerie Saint Michel à Waterloo en Belgique, est aussi présidente de la Confédération internationale des fromagers détaillants. Mais elle est aussi une grande fan du Comté et de ses terroirs !

Bernadette Delange est ambassadrice du pays du Comté depuis le 28 août 2010, « convaincue de la belle symbiose entre une région et un produit ». Elle est pétillante. Un état d’esprit qui caractérise cette femme impliquée, chantre du fromage et passionnée du Massif du Jura. Elle parle toujours avec une certaine poésie, « les reliquats de neige et de glace, le printemps en Franche-Comté, où des fleurs pointent leur nez », « la végétation exubérante et les cours d’eau généreux près du Lac de Saint-Point, magnifique ». Un coup de coeur pour notre massif qu’elle a eu à l’âge de 16 ans, quand ses parents l’emmènent passer des vacances en Suisse et s’arrêtent à Voiteur pour rencontrer un affineur de Comté.

Troisième génération d’une famille de crémier, Bernadette Delange commence à travailler à la fromagerie de ses parents en 1975. Les visites dans les montagnes du Jura renforcent ses liens affectifs avec la région : le plateau du Grandvaux, Chapelle-des-Bois, ses premières sélections de Comté à Saint-Pierre et Foncine-le-Haut.

En 1987, elle reprend le magasin avec son mari Daniel. Chaque année, elle vient se ressourcer au Pays du Comté. Cet été, son périple d’une semaine lui a permis de rencontrer des coopératives et de suivre sa sélection de Comté chez un affineur. Elle est aussi venue faire le plein de produits de la région pour la braderie de Waterloo qui a lieu le dernier week-end d’août. « Pendant la braderie, nous organisons des dégustations de Comté dans le magasin, une fabrication à l’ancienne en plein air avec les Amis du Comté et des assiettes franc-comtoises pour les gourmands ».

« Certains diront que je suis utopiste »

Fan de Comté incontestablement, « quand j’ouvre une meule, surgissent des images de paysages, de fromagers… », Bernadette Delange ne manque pas un événement organisé par la filière et sait trouver les arguments quand elle rencontre des journalistes ou d’autres crémiers. « À force de sillonner le massif du Jura, j’apprivoise ses terroirs, je sais qu’il n’y a pas qu’UN Comté, mais qu’il existe plein de belles choses selon ses goûts, sa clientèle… Et surtout j’ai découvert un produit adapté à une alimentation saine et respectueux de son environnement. Certains diront que je suis utopiste mais ce que nous pouvons préserver, préservons-le. Au même titre, défendre la profession de crémier, c’est aussi préserver le choix de la différence dans le type de consommation ».

L’hiver 1995, Bernadette Delange organisait une visite de la filière Comté avec une trentaine de crémiers belges. Les souvenirs sont intacts. « L’arrivée à Pontarlier, des étoiles dans l’air au départ d’une course de ski de fond , la coopérative de Bouverans, une visite aux gens du pays, la ferme de la famille Marmier, les caves Vagne… ». À la même époque, elle commence à s’impliquer dans l’organisation de la profession de crémier et veut insuffler « la fierté du métier ». Elle relance l’Union des Détaillants Crémiers et Fromagers de Belgique et participe à la création de la Confédération Internationale des Fromagers Détaillants, dont elle est la présidente. Au niveau belge, sa fédération a obtenu la possibilité d’utiliser des chambres d’affinage et de travailler avec des matériaux traditionnels comme le bois. « Les fromages sont mal connus, surtout au lait cru, d’où l’importance, pour les défendre, de travailler en concertation avec d’autres pays, d’autres fédérations, et d’échanger sur les études scientifiques existantes ».

Accessoirement, Bernadette Delange est aussi conseillère communale et présidente du musée Wellington de Waterloo ! Là, elle trouve des liens avec son métier de crémier : « s’intéresser au visiteur, être fidèle au passé mais être abordable, intéresser les jeunes, stimuler la curiosité… ». Un leitmotiv pour celle qui « n’a pas fait de longues études » mais dont le père lisait des livres d’histoire et de gastronomie, « l’esprit toujours en éveil ». Sentinelle, gardienne d’un métier, elle souhaite transmettre les pratiques professionnelles et assurer un avenir aux jeunes générations qui s’y intéressent.

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