Herbe : bien nourrir ses vaches sans trop dépenser, c’est possible ! (janvier 2016)

Céline et Xavier Chambelland bichonnent tout l’été leurs 70 hectares d’herbe en prairies permanentes, situés dans un rayon de 1,5 km autour de la ferme. (Photo © CIGC/Petit)
Céline et Xavier Chambelland bichonnent tout l’été leurs 70 hectares d’herbe en prairies permanentes, situés dans un rayon de 1,5 km autour de la ferme. (Photo © CIGC/Petit)
Céline et Xavier Chambelland de Grande-Rivière (Jura), lauréats du Prix AOP 2015, utilisent le moins possible d’aliments complémentaires, favorisant l’alimentation en fourrage. Le tout à 900 m d’altitude…

L’alimentation du bétail est une des premières charges financières d’un élevage et le gage de la bonne qualité du lait. Elle mérite qu’on s’y attarde un peu ! Lors de leur participation au comice de Saint-Laurent-en-Grandvaux, en septembre dernier, Xavier et Céline Chambelland, du GAEC du même nom, se sont vus attribuer le prix AOP, valorisant leur capacité à nourrir leur bétail avec « peu » d’intrants. Ce jeune couple, parent de trois enfants et ingénieurs agricoles de formation, est installé depuis dix ans au hameau Les Bez à Grande-Rivière dans le Haut-Jura. « Nous gérons notre exploitation comme une petite entreprise, assurent-ils. Nous avons 80 Montbéliardes, toutes issues de l’insémination artificielle, dont 35 à 40 laitières. L’intégralité de leur production est livrée à la coopérative de Grande-Rivière ».

Pâturage tournant et rationné, nuit et jour

« Notre objectif de valorisation durant la belle saison se situe entre 15 et 20 kg de lait autonome, en fonction des aléas de la météo. » Pour cela, Xavier Chambelland fait du pâturage tournant rationné nuit et jour : une technique de gestion de l’herbe très efficace mais ô combien chronophage ! Par ailleurs, les bêtes ont toujours du foin à disposition quand elles rentrent pour la traite et sont complémentées, à raison de 5 kg maximum par jour, par un concentré VL18 (protéines) d’une valeur énergétique d’1 UFL et 9,5 % de cellulose. « Si les conditions météo ont été mauvaises, j’ajoute un peu de mélange de tourteaux (soja, colza et tournesol) », explique Xavier Chambelland. L’hiver, il faut valoriser le fourrage récolté l’été, idéalement entre le 15 juin et le 1er juillet car cette période est « le meilleur compromis entre qualité et quantité ». Mais Miss Météo est toujours reine… En cette période d’hivernage, qui dure six mois à Grande-Rivière et où les vaches sont en étable entravée, l’objectif de valorisation est fixé à 10 litres de lait autonome.
Pour cela, la ration est composée de 10 à 12 kg de foin brut, stocké en vrac, et de 5 à 6 kg de regain. A cela s’ajoute 1,8 kg d’aliments fibreux (essentiellement de la luzerne brin long) pour limiter l’acidose et favoriser la rumination, 1,2 kg de tourteaux, complétés par une « VL 18 », 1 UFL à raison de 6 kg maxi par jour.

Quelques chiffres

Le « PRIX AOP », une reconnaissance de la filière

Les filières AOP du Massif du Jura ont créé ce premier « prix AOP » en automne 2015 afin de valoriser les élevages optimisant les ressources locales et réduisant les intrants, de manière à être ainsi plus autonomes dans leurs ressources fourragères.

Onze lauréats, mis en valeur ici, se sont vus remettre cette distinction symbolique dans onze comices du Jura et du Doubs. Ce prix, conciliant écologie et économie, rappelle le partenariat fort qui unit le monde de l’élevage de la Montbéliarde et celui de la production des fromages AOP.

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