Le paysage nous en dit long…Les Fontenelles (novembre 2017)

(Photo © CIGC/Petit)
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Lecture de paysage : Les Fontenelles, un paysage en perpétuelle évolution depuis 50 ans

Unique en Franche-Comté, la lavogne des Fontenelles servait autrefois de point d’eau au bétail. (Photo © CIGC/Petit)
Unique en Franche-Comté, la lavogne des Fontenelles servait autrefois de point d’eau au bétail. (Photo © CIGC/Petit)

Par Pascal Bérion
Maître de conférences en Aménagement de l’espace et urbanisme
Université de Franche-Comté / Laboratoire ThéMA UMR CNRS 6049

La fruitière des Fontenelles est située dans le nord-est du département du Doubs. Son terroir est occupé par dix-sept exploitations qui mettent en valeur plus de 1100 hectares deprairies et produisent chaque année près de 3,8 millions de litres de lait transformés en meules de Comté.
Le terroir des Fontenelles appartient au plateau du Russey. Il est limité, au nord-ouest, par la puissante incision de la vallée du Dessoubre, qui entaille fortement le relief (500 m de dénivelé)et au sud-est par la vallée du Doubs. Deux sous-ensembles sont identifiés :

Le premier est situé autour des Fontenelles. Son altitude dépasse 900 mètres et sa surface est animée par l’érosion karstique, avec plusieurs dolines et l’absence de cours d’eau. Témoignage de cette indigence de la ressource en eau sur le plateau, de nombreuses pâtures sont équipées d’abreuvoirs alimentés par les réseaux locaux d’adduction d’eau et, fait unique dans cette partie du massif du Jura, au lieu bien-nommé des Fruitières, se trouve une lavogne (dépression artificielle circulaire, composée d’une couche de matériaux imperméables recouverts par un dallage et un pavage en pierre) dont la fonction était, par le passé, de fournir un point d’eau pour le bétail.

Le second surplombe la vallée du Dessoubre avec des altitudes entre 800 et 860 mètres.

Cinq fromageries à la fin des années 20

La consultation de statistiques agricoles datées de 1929 nous indique qu’il y a presque 90 ans, le terroir de la fruitière des Fontenelles comptait cinq fromageries pour 2,5 millions de litres de lait destinés à la fabrication d’emmental. Aujourd’hui, les exploitations sont moins nombreuses, mais les traits fondamentaux d’organisation de ce terroir fromager sont constants : place exclusive de l’herbe dans l’utilisation des surfaces agricoles, spécialisation nette dans l’élevage bovin laitier et transformation du lait en Comté.
La comparaison entre des photographies aériennes contemporaines et de 1958 montre trois types de changements significatifs du paysage. Tout d’abord, le parcellaire agricole initial s’est mué en openfield en mosaïque. Cependant, la trame de l’ancien parcellaire se détecte toujours dans le paysage car les haies et bosquets qui autrefois servaient de limite aux parcelles sont maintenus et bien entretenus. Ensuite, la progression du bâti non agricole dans les villages est puissante. Enfin, la superficie forestière s’est étendue.
L’architecture locale est caractérisée par la présence dominante de fermes pastorales en pignon. Les villages sont principalement étirés le long des principaux axes de circulation, mais de nombreuses fermes d’écarts et des hameaux ponctuent le peuplement du plateau. Ainsi, le paysage contemporain donne à voir plusieurs fermes récemment aménagées en dehors des villages. Ce faisant, les éleveurs subissent moins les contraintes liées au voisinage et à la circulation automobile et les vaches accèdent de façon commode aux prairies où elles se nourrissent d’une herbe riche et abondante avant de retourner matin et soir dans les étables pour la traite.

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