Le paysage nous en dit long…La chaux-De-Gilley (juillet 2014)

Une commune au caractère montagnard affirmé. (photo ©CIGC/Petit)
Une commune au caractère montagnard affirmé. (photo ©CIGC/Petit)
Ferme typique en pierre et bois. (photo ©CIGC/Petit)
Ferme typique en pierre et bois. (photo ©CIGC/Petit)
Le paysage est surtout composé de praires naturelles destinées au pâturage et à la fauche. (photos ©CIGC/Petit)
Le paysage est surtout composé de praires naturelles destinées au pâturage et à la fauche. (photos ©CIGC/Petit)
Pascal Bérion (photo ©CIGC/Petit)
Pascal Bérion (photo ©CIGC/Petit)
La lecture de paysage que nous offre Pascal Berion nous entraîne cette fois-ci du côté du Haut-Doubs, dans cette région du Saugeais où la prairie est omniprésente. Un paysage typique de l’AOP Comté.

La fruitière de la Chaux-de-Gilley transforme un peu plus de deux millions de litres de lait par an. Elle réunit neuf sociétaires localisés principalement sur la commune. Cependant, comme la totalité de la production de cet atelier est certifiée en agriculture biologique, la coopérative fromagère a accueilli dans son bassin de collecte des producteurs biologiques dispersés sur les communes alentours : aux Alliés, à Fournet-Luisans et à Orchamps-Vennes. Les exploitations agricoles de la commune qui n’ont pas adopté le cahier des charges de l’agriculture biologique livrent leur lait aux fruitières des villages voisins. La commune est vaste puisque sa superficie est proche de 1 700 hectares dont 1 000 sont dédiés à l’agriculture, composée ici uniquement d’élevages de bovins laitiers dont le lait est valorisé en Comté, Mont-d’Or ou Morbier. L’espace est occupé quasi-exclusivement par des prairies naturelles destinées à la fauche et au pâturage. La culture de céréales d’autoconsommation n’est pas impossible. Elle est pratiquée par un éleveur et pourrait potentiellement se développer dans le cadre de stratégies de lutte contre les campagnols et d’amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages.

La Chaux-de-Gilley est située à une altitude moyenne de 880 mètres. Ici le caractère montagnard est affirmé. Les hivers sont longs et généralement froids. Le site correspond à un synclinal orienté nord-est sud-ouest bordé au nord par l’anticlinal du Crêt Monniot qui culmine à 1 145 mètres et au sud par celui de la Cernay qui culmine à 1 000 mètres. Le synclinal de la Chaux présente un fond plat avec un très faible pendage orienté au sud-ouest en direction de Bugny. La forêt, composée essentiellement de résineux, occupe les vigoureux versants des anticlinaux bordiers qui dominent d’une centaine de mètres la Chaux-de-Gilley. D’ailleurs, une petite station de ski alpin est présente et se matérialise avec le téléski de la Cernay Blanche.

De nombreuses haies

Le modelé karstique est perceptible avec la présence de quelques lapiaz (au hameau des Plans), de dolines et surtout par le fait qu’aucun écoulement permanent de surface ne draine cet ensemble. Le finage est composé d’une structure en openfield qui suit l’orientation topographique générale du site. De nombreuses haies sont présentes. Elles sont perpendiculaires à l’orientation de l’anticlinal et permettent d’atténuer les effets de la bise. La consultation de photographies aériennes de 1951 montre que la disposition générale et la densité de haies sont stables. Par contre les parcelles ont été considérablement agrandies, le remembrement a été réalisé au début des années 1980. L’habitat rural est ici polycentrique. La commune de la Chaux est composée de plusieurs nucléides dont les principaux sont le site éponyme de la Chaux, les Champs Guyons et les Plans, auxquels il faut ajouter de nombreuses fermes dispersées dans le territoire de la commune et notamment en altitude sur les contreforts du Crêt Monniot. Les évolutions contemporaines montrent que le développement de l’habitat pavillonnaire se concentre principalement à l’entrée ouest de la Chaux avec un lotissement d’une bonne quarantaine de maisons et au nord en bordure de la route départementale qui conduit à Gilley. Ici comme ailleurs, les exploitations agricoles se modernisent en agrandissant granges et stabulations. La dispersion originelle de l’habitat permet des extensions dans la continuité ou à proximité des bâtiments existants.

L’architecture traditionnelle du finage de la Chaux-de-Gilley est superbement caractérisée par la présence de fermes avec des façades principales en pignon. Ce type de construction est typique du Haut-Doubs et se retrouve aussi chez nos voisins suisses. La façade est orientée au sud-est, l’habitation est en pierre et la partie supérieure est en bois. Les volumes des constructions sont imposants, la grange et les étables sont vastes, de même que le nombre de pièces des logis. Souvent une levée de terre ou un « pont de grange » permet un accès de plain-pied au grenier. Le toit à deux pans est surmonté d’un tué. Autrefois, il servait au fumage des charcuteries produites avec les viandes des porcs que l’on nourrissait en partie avec le lactosérum issu de la fabrication des « vachelins », ancêtres des gruyères et du Comté. Pour les historiens, l’existence de fermes avec de pareilles dimensions est un héritage du système médiéval de la « mainmorte » qui exigeait que les gens d’une même famille restent dans la seigneurie et bien souvent cohabitent dans le même logis. Nous sommes ici dans le Saugeais sur les anciennes terres des abbés de Montbenoît.

Pour conclure, l’espace agricole de la Chaux-de-Gilley présente des attributs paysagers très typiques du terroir de l’AOP Comté. Les prairies sont omniprésentes, la densité d’exploitations agricoles est élevée et la fruitière participe pleinement à la vie locale.

Un petit clin d’oeil pour terminer : la commune abrite aussi un constructeur de matériels agricoles dont les outils permettent d’entretenir les prairies au printemps, de transporter les animaux ou encore de charger les fourrages séchés. Il est très fréquent de croiser des plateaux à fourrage produits à la Chaux-de-Gilley sur les routes du Comté durant l’été. Les éleveurs les utilisent pour engranger foins et regains.

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