Soigner ses vaches par les plantes, ça fonctionne ? (novembre 2018)

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Samuel Étiévant à Mesnay et Sylvie Saliot à Villeneuve-d’Amont témoignent de leur recours à ces médecines naturelles, alternatives aux antibiotiques ou aux anti-parasitaires.

La phytothérapie et l’aromathérapie sont toutes deux des médecines fondées sur l’utilisation des plantes, la première utilisant plusieurs procédés différents (tisanes, poudres, onguents, etc.), tandis que la seconde se focalise sur les huiles essentielles (extraits aromatiques de plantes). Si ces soins sont utiles aux humains, ils le sont aussi pour les animaux ! De plus en plus de producteurs de lait à Comté ont recours à l’un de ces deux procédés, voire aux deux, pour soigner leurs vaches. C’est le cas de Sylvie Saliot, productrice à Villeneuve d’Amont et de Samuel Étiévant de la Ferme des Nouvelles à Mesnay, tous deux en agriculture biologique. Le soin par les plantes, s’il permet de limiter au strict minimum le recours aux antibiotiques, n’exclut pas la nécessité de la surveillance vétérinaire.

Les plantes vermifuges

Depuis dix ans, bien avant son passage en bio, Sylvie Saliot se sert des plantes. Elle en achète certaines et en cueille aussi beaucoup. « Je ramasse surtout les plantes vermifuges comme le serpolet, l’armoise, l’origan, un peu d’absinthe (par ailleurs dépurative pour le foie), l’ortie (reminéralisante et pleine d’oligo-éléments) et la prêle. Je fais sécher, je broie, je mets en sac et je les utilise en compléments alimentaires en pâture, surtout pour les génisses. Je fais aussi des tisanes, l’hiver, en cure à l’abreuvoir. » Ses génisses sont certes « moins développées, avec un moins beau poil au départ, mais elles redeviennent aussi belles que les autres dès qu’elles ont vêlé », constate l’éleveuse qui les sait aussi incroyablement rustiques et résistantes. Pour Sylvie, traiter ses animaux avec les plantes nécessite de les observer davantage, de donner plusieurs fois les doses du traitement et d’apprécier les effets sur le long terme. Cela prend sans doute plus de temps… mais tout est question de philosophie.

Médecine classique et médecine douce sont complémentaires

Seul sur son exploitation, Samuel Étiévant, à Mesnay, trouve difficilement le temps de cueillir lui-même ses plantes, même si s’initier à la botanique l’intéresserait. « J’ai suivi deux formations en aroma et en phytothérapie. J’achète les huiles et je fais mes synergies. Je soigne beaucoup les problèmes cutanés par ce biais. Pour les mammites, j’associe l’aromathérapie, un drainage phyto et de l’homéopathie. Si malgré tout il faut recourir aux antibiotiques, je n’administre qu’un seul traitement. Et je fais toujours appel à un vétérinaire », explique le producteur.
Le Dr Sébastien Bineau, vétérinaire à Maîche, insiste sur le fait qu’il ne faut absolument pas mettre en concurrence l’allopathie et ces médecines complémentaires. « Tout a sa place. Les traitements phyto peuvent être utilisés préventivement ou pour soigner des affections bénignes. Mais dans le cas d’une infection massive ou aigüe, l’efficacité de l’allopathie est plus grande et permet à la bête de ne pas dépérir. » Selon le médecin, la problématique de la phyto/aromathérapie est aussi celle du temps d’attente, c’est-à-dire la durée pendant laquelle, après un traitement, le lait ne peut pas être mis au tank : « Dans le cas d’un traitement allopathique, ces durées sont clairement définies et scrupuleusement respectées par les éleveurs. En phyto/aromathérapie, rien n’est défini. »
Les vétérinaires sont donc nombreux à penser que la “prescription”, souvent non  médicale, de ces traitements complémentaires devrait être davantage encadrée. À son niveau, le CIGC prévoit d’inclure dans son futur cahier des charges, une formation obligatoire pour les producteurs souhaitant recourir à ces soins par les plantes.

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