Les économies d’eau dans la filière Comté partie 2/2

Baptiste et Philippe Girard devant leur nouveau bâtiment d’élevage construit en 2022. L. Faé
Baptiste et Philippe Girard devant leur nouveau bâtiment d’élevage construit en 2022. L. Faé

Économie d’eau dans les fermes
Chez l’élevage Girard : « un choix pragmatique, éthique, d’avenir »

Philippe et son fils Baptiste, installé depuis avril 2022, ont profité de la création de leur nouveau bâtiment pour mettre en place un système de récupération et de potabilisation de l’eau.

Lorsque Philippe Girard et son fils Baptiste ont construit leur nouveau bâtiment d’élevage en 2022, ils ont intégré au projet un système de récupération et de filtration d’eau de pluie. Et ceci malgré l’augmentation des coûts des travaux ces dernières années. Baptiste explique : « Nous disposons d’une citerne de 480 m3 pour récupérer l’eau qui va nous servir pour l’abreuvement des vaches, le lavage de la salle de traite, du tank à lait, des auges, etc. » L’eau qui tombe en gouttes sur 2 200 m2 de toiture atterrit donc dans cette citerne où une pompe la renvoie dans un bac tampon avant qu’elle subisse un traitement au chlore peu coûteux. « Nous avons installé un volucompteur pour envoyer la dose de traitement adaptée (0,10 ml/100 l) et disposons d’une trousse de tests pour s’assurer de ce bon dosage. »
Une économie à tous points de vue
Entre la mise en service du système en mai 2023 et le mois de mai 2025, le Gaec Elevage Girard a utilisé 3 850 m3 d‘eau de pluie traitée. « L’an dernier, nous ne nous sommes pas servis d’eau du réseau et cette année, nous avons ouvert la vanne durant un mois », assure Baptiste. L‘eau du réseau coûtant chez eux 1,30 euro du mètre cube, l’économie se monte à 5 005 € en deux ans. L’installation du système a coûté 38 000 € (30 000 € de maçonnerie et 8 000 € pour le groupe de pompage et la potabilisation) subventionnée à hauteur de 20 000 € par le Département du Doubs et la Région Bourgogne Franche-Comté. Le jeune agriculteur ne regrette pas ce choix, qui sera vite rentabilisé. « C’est un choix éthique et pragmatique puisqu’à l’avenir, le risque de manquer d’eau est réel. Et puis, je suis plutôt maniaque sur la propreté de la ferme donc j’ai moins de remords à utiliser de l’eau de pluie que de l’eau du réseau », termine Baptiste, qui livre son lait à la Scaf du Val d’Usiers pour une fabrication de Comté et de Mont d’Or.

A Val d’Usiers, un réservoir d’eau remis en service

Après trois années de sécheresse, la municipalité de cette commune située près de Pontarlier a mis à disposition une partie de l’eau d’un réservoir municipal au profit des éleveurs.

Les fromageries et les fermes ont de gros besoins en eau. Aurélien Dornier, le maire de Val d’Usiers, le sait très bien puisqu’il est lui-même producteur de lait à Comté. Au printemps, avec son équipe municipale, ils ont donc eu l’idée de remettre en service un ancien réservoir d’eau de 1 460 m3, situé sur l’ancienne commune de Sombacour (aujourd’hui rattachée à Val d’Usiers). « Il était en service jusque dans les années 80 pour alimenter la commune en eau potable, mais les sources qui l’alimentent ont été déclarées non protégeables du fait du passage de la départementale », explique l’édile de cette commune nouvelle du Haut-Doubs. Depuis avril, le réservoir sert donc pour moitié de réserve incendie (750 m3) tandis que l’autre moitié est à disposition des propriétaires d’animaux non domestiques qui ont signé une convention avec la commune. Environ vingt éleveurs viennent donc remplir leur tonne à eau en la branchant à un large tuyau. Charge à eux de s’assurer ensuite de la potabilité de l’eau, qu’ils utilisent pour l’abreuvement de leurs troupeaux.
Une vraie sécurité pour nos fermes !
Gilles Racle, producteur de lait à Comté à Val d’Usiers (Bians-les-Usiers), est l’un des utilisateurs de cette nouvelle ressource locale. Il explique : « Je me sers de cette eau pour donner à boire à nos vaches. Sachant qu’une Montbéliarde peut boire 80 à 100 l d’eau par jour en saison chaude, cette réserve est une vraie sécurité pour nos fermes et nos animaux ! Avant on remplissait notre tonne avec de l’eau du réseau à l’aide d’un d’un petit tuyau, ce qui nous prenait une demi-heure. Aujourd’hui, en cinq minutes, la tonne est remplie avec une eau de source. C’est un gain de temps, d’argent et une préservation de la ressource. Côté sanitaire, le président de la coopérative fait une analyse par an sur l’eau du réservoir et chaque agriculteur met une dose de chlore adaptée dans l’eau de sa tonne. » Les travaux nécessaires pour rénover les conduites, entre autres, ont coûté un peu moins de 30 000 € à la commune, subventionnés à hauteur de 40% par le Département du Doubs. Pompiers, agriculteurs et élus ont par ailleurs unis leurs efforts pour nettoyer l’ouvrage d’art de 26 m de long et 7 m de haut et de large. De sorte qu’aujourd’hui, Val d’Usiers dispose d’une source supplémentaire pour alimenter son territoire. « Cette diversité d’approvisionnement est une richesse pour faire face à une éventuelle insuffisance en eau et contribuer à la préservation de cette ressource », termine le maire.

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