Maintien de la biodiversité

p10 - Charly et Elodie Nicod - Loris Faé

Charly & Elodie Nicod et leurs prairies 100 % permanentes

Le couple d’agriculteurs des Écorces nous emmène dans ses prés pour expliquer quelques-unes de ses pratiques afin de préserver la vie du sol et la diversité floristique des prairies.

Elodie et Charly Nicod ont repris la ferme des parents de Charly aux Écorces, le Gaec du Grand Frêne. Installé depuis 2013 avec sa mère Damienne, Charly a été rejoint par sa femme en 2021, qui a pris la suite de Damienne. Leurs parcelles sont toutes en prairies permanentes et Charly, qui a gagné le concours 2024 des pratiques agroécologiques, est aujourd’hui Expert 2025 du même concours. Le couple d’agriculteurs dispose de 67 hectares dont 30 directement accessibles pour 40 vaches laitières et une vingtaine de génisses. Ils produisent du lait officiellement sous label Agriculture biologique depuis deux ans et demi, livré à la coopérative de Cerneux-Monnot. Au milieu des prés, Charly montre les renoncules, les trèfles violets et blancs, la vesse, le pissenlit, le plantain … En tout, 75 espèces ont été recensées dans la parcelle qui a remporté le concours des pratiques agroécologiques. Il approche d’une roche au centre de la prairie : « Certaines espèces poussent sur les affleurements rocheux, comme ici le carvi ».
Sur cette parcelle « difficilement fauchable », il parle de ceux qui l’ont précédé dans la gestion de ses terres : « l’exploitant qui a vendu les terres à mes parents en 1995 n’intervenait pas beaucoup sur ses parcelles, il utilisait peu le broyeur par exemple. Ensuite, mes parents ont eu une gestion extensive, déjà proche du bio. »
Pâturage tournant, troupeau séparé, haies 
Charly et Elodie ont mis en place un pâturage au fil pour éviter le surpâturage et alternent fauche et pâture d’une année à l’autre. Leurs prés n’ont jamais été labourés ni ressemés. Des prairies 100 % permanentes donc, « qui stockent autant de carbone qu’une forêt ».
Les agriculteurs de 35 et 38 ans, parents de deux garçons de 7et 5 ans, n’utilisent pas d’engrais chimiques dans leurs prairies, qui sélectionneraient les fleurs. Pour garder la diversité floristique, Charly a tout un tas de cordes à son arc. Parmi celles-ci, un principe simple selon lui : « faucher au 15 mai est une bê- tise : on ne laisse pas fleurir les plantes. Qui dit « pas de fleurs », dit « pas de graines » … Donc, si on fait ça tous les ans, des variétés disparaissent. » Charly sépare par ailleurs son troupeau en deux : les vaches ne sont jamais ensemble sur une même parcelle et sont déplacées chaque jour. « Elles sont sur le versant asséchant le jour, sur le versant plus profond la nuit et on alterne comme ça toute la saison de pâturage. » Pourquoi ? Éviter le piétinement d’abord et les bagarres à l’auge. Mais aussi pour diffuser les graines d’une parcelle à l’autre : les vaches mangent les graines d’une parcelle le jour et les rejettent dans leurs excréments sur l’autre parcelle la nuit. Les agriculteurs ont aussi planté une haie sur 1,2 km près d’une prairie très asséchante pour limiter les effets de la bise et attirer les buses qui chassent les campagnols. Les arbres de haut jet, qui ont autant de racines que de branches, aident à « fracturer les sols et à faire circuler l’eau ». Les buissonnants et les arbres de moyen jet font aussi leur part de travail! « Et puis, nous compostons le fumier tout l’été, pour qu’il soit riche en humus donc riche en phosphore, en potasse avec moins d’azote, et nous l’épandons seulement à l’automne pour limiter le lessivage des sols », termine Charly, qui pense essentiel d’adapter les pratiques agricoles au massif du Jura.

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