Froidefontaine, fromagerie du noyau historique du système des fruitières

> Par Pascal Bérion
Maître de conférences en Aménagement de l’espace et urbanisme • Université de Bourgogne-Franche-Comté / Laboratoire ThéMA UMR CNRS 6049

L a fruitière de Froidefontaine-Doye, implantée au village de Froidefontaine transforme le lait de 20 fermes qui exploitent un peu plus de 2 000 ha et produisent annuellement 6.6 millions de litres de lait. La production laitière ramenée à l’unité de surface est de 3300 litres. Cela traduit une bonne propension agronomique à produire des fourrages de qualité, mais le système a sans doute atteint son optimum. Il paraît peu possible de produire plus par hectare car, d’une part les ressources pédoclimatiques ne le permettent pas, et d’autre part le changement perceptible du climat rend l’équilibre moins stable.
Son terroir s’inscrit dans le prolongement vers le sud du plateau de Frasne, qui prend ici le nom de plateau de Nozeroy.

Cet ensemble s’organise autour de deux unités agro-paysagères principales séparées par une unité secondaire :

> A l’est, les finages de Froidefontaine, Essavilly, Longcochon et la Favière s’établissent autour de 850 à 900 mètres d’altitude. Ici, le plateau de Nozeroy est totalement recouvert par des dépôts d’origine glaciaire déposés à l’ère quaternaire. Lors de la dernière glaciation, celle du Würm, il y a seulement 20000 ans, un imposant glacier a totalement recouvert la Haute-Chaine du Jura (à l’exception de ses sommets les plus élevés) et les glaces se sont étendues jusqu’aux environs de Nozeroy. A l’occasion de leur retrait (il y a 12 000 ans), le plateau s’est découvert, puis recouvert par une couche d’alluvions où plusieurs tourbières se sont établies. Le paysage contemporain révèle la présence du modelé d’origine glaciaire. Plusieurs buttes en forme d’arcs se lisent. Il s’agit des fronts successifs de retrait des moraines du glacier jurassien. La surface du plateau est occupée par des prairies. Un très dense réseau de haies délimite les parcelles. Les générations successives d’agriculteurs ont patiemment enlevé les pierres de leurs champs et les ont déposées aux limites, là où les haies sont
maintenant bien implantées. Orientées face au nord-est, elles protègent efficacement des méfaits de la bise. L’habitat s’organise en petits villages entre lesquels s’intercalent des fermes et des hameaux.

> A l’ouest, le plateau est situé aux alentours de 800 mètres d’altitude. Sa surface est occupée par des calcaires du Crétacé, roches parmi les plus «récentes » du massif du Jura (elles ont tout de même plus de 125 millions d’années !) Le paysage est ouvert et l’habitat s’organise sous la forme de villages groupés de petite dimension, mais il n’y a pas d’hameaux ni de fermes situées dans des écarts.

> Entre ces deux éléments, se trouve le val de Mièges
formé par la rencontre de la Serpentine avec ses affluents. Le système de reculées qu’elle organise entaille le plateau sur une centaine de mètres d’épaisseur. Les versants à dominante marneuse présentent des pentes douces sur lesquelles s’établissent des pâturages. Toutefois, cette unité est secondaire, car peu de parcelles des sociétaires s’y localisent.

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