Isabelle Seignemartin : un certain art de vivre

Isabelle Seignemartin a beaucoup voyagé. Si elle était un pays, elle serait l’Italie "pour son idéal de vie douce" ! (Photo © CIGC/Petit)
Isabelle Seignemartin a beaucoup voyagé. Si elle était un pays, elle serait l’Italie "pour son idéal de vie douce" ! (Photo © CIGC/Petit)

Fille et petite-fille d’affineur, la patronne des établissements Seignemartin de Nantua a grandi entre Comté et vins. Elle aime voyager à travers le monde, mais par-dessus tout, cheminer sous les sapins haut-jurassiens.

Elle ne marchait pas encore que, déjà, Isabelle Seignemartin pénétrait dans les caves d’affi nage familiales qu’elle dirige aujourd’hui. Cette jolie quinquagénaire ne fait pas de mystère de sa condition de « fille de », qui l’a amenée à succéder à son père. La fillette accompagnait son père, René, partout dans les coopératives, à son bureau ou dans les caves. Rapidement, le patriarche a vu en elle sa relève ; la petite avait un sacré caractère, enrichi par de bonnes capacités scolaires. Chez les Seignemartin, l’éducation est stricte, mais l’ambiance festive. Isabelle se souvient du mini-village que formaient, à Charix, la maison de son grand-père et celles de ses deux grands oncles, entrepreneurs dans le vin. L’été, ils installaient une grande table et des chaises dans la cour centrale et festoyaient comme au temps des Gaulois !
Cet art de la fête n’empêche pas le travail : Isabelle Seignemartin, sur les conseils paternels, passe un BTS Action Commerciale, une licence en marketing et communication, puis un diplôme de gestion et comptabilité. A 23 ans, en 1990, elle a tout ce qu’il faut pour gérer une affaire, l’expérience en moins. La jeune femme aimerait connaître une première affectation hors de la maison familiale, mais en pleine « crise des cadres », elle ne trouve rien.

« J’ai ramené un Breton dans le Jura ! »

« Merci la crise, sourit-elle aujourd’hui. Sans elle, mon mari et moi
aurions peut-être fait tout autre chose ! » Car Isabelle n’est pas seule à entrer dans l’entreprise paternelle en 1990 : trois ans plus tôt, lors de de vacances à Concarneau, elle est tombée folle amoureuse du Breton qui deviendra plus tard son mari et le père de ses deux enfants. Christophe Lancien intègre donc lui aussi la société fromagère, muni d’un DESS en microscopie analytique ! « Mon père n’a pas eu de fils et a considéré Christophe comme le sien. Il lui a enseigné le métier d’affineur pendant 15 ans, jusqu’à son décès en 2005 », explique Isabelle Seignemartin.

Aujourd’hui, l’établissement emploie 17 personnes, réalise un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros et fait partie – fièrement – des « petits affineurs » du Comté, puisque la société représente 3 % du volume total de la filière. « On aime l’affinage sur-mesure et choisir nos clients, à plus de 50 % des crémiers ». Les établissements Seignemartin sont aussi les premiers metteurs en marché du Bleu de Gex, commercialisent du Morbier, du Mont d’Or, de l’Emmental grand cru et de Savoie, ainsi que d’autres petites gammes suisses.
Après avoir investi au fil des ans dans du matériel visant à réduire la pénibilité au travail, la prochaine étape pour Isabelle Seignemartin sera celle de la transmission. Son fils, Gaël, 20 ans, a installé son bureau juste à côté du sien. Saga familiale, quand tu nous tiens…

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